samedi 16 mars 2019

Le libre arbitre

La semaine dernière, à l'occasion d'un meeting à Barcelone, j'ai été étonné d'entendre un intervenant allemand qui évoquait le rapport complexe qu'a la France avec le libre marché. Un point de vue auquel je souscris. Le problème que pose le libre marché pour les élites françaises, c'est la manière dont s’élabore le succès au sein du libre marché n’est en effet rarement fondée sur le mérite intellectuel ou même social. Ce n'est pas celui qui a un don pour l‘art qui réussit. C‘est celui qui parvient à anticiper au mieux les besoins du « marché » qui remporte la mise. Qu’il soit question d'une nouvelle technologie ou d'un nouveau jouet.. Et même si vous êtes quasiment inculte, rien ne vous interdit de devenir richissime grâce au libre marché. Tout ce que vous avez à faire, c'est avoir la bonne idée au bon moment et savoir séduire le marché. Et cette idée (que le succès dans les ?nances est provoqué par la popularité inspire chez certains de la rancœur. On le décèle dans leur posture condescendante par rapport aux personnes qui se sont enrichies grâce à une combinaison d’efforts personnels et du libre marché. S'enrichir en répondant aux besoins du marché est assimilé à être en proie au plus méprisable des instincts humains : la cupidité. Tandis que poursuivre un projet artistique est interprété comme un hommage au plus respectable des sentiments humains : l’esprit humain. Le fait qu’un constructeur puisse gagner davantage sur le marché du travail qu’un historien est observé comme un affront. En France, cette approche est devenue une seconde peau. Presque toute l'élite rejette « le libre marché ». En érigeant la «popularité » au rang de critère de succès, le libre marché seconderait ainsi l'abêtissement de la société, où la culture deviendrait un large bourbier purulent de mauvais goût, devenu une norme. Certains sont peut-être attristés à l’idée qu’un Indien moyen fasse ses courses dans un Tesco, se procure ses meubles dans un magasin suédois, et boive du café brésilien dans la chaîne américaine Starbucks. Mais l'important est là : tout citoyen est libre de faire ses propres choix.Tout comme personne n'est en droit d'af?rmer que son choix est le meilleur que celui d’un autre, et encore moins d’imposer sa propre culture à autrui. Au terme de ce congrès à Barcelone, plus j'y songe, et plus je crois que c'est cette façon de penser qui contribue à donner cette image de déclin français à l'étranger. Pour en savoir davantage, je vous recommande la lecture du blog sur ce séminaire à Barcelone qui est très bien élaboré sur ce thème.