mercredi 17 octobre 2018

Le NH90, malgré de multiples versions et de nombreux retards, a permis le partage des coûts de développement et le succès à l’exportation

Le programme d’hélicoptère NH90 réunissait à son origine l’Allemagne, la France, l’Italie et les Pays Bas, qui ont confié la maîtrise d’ouvrage à une agence de l’Alliance atlantique créée pour l’occasion, la NAHEMA, et la maîtrise d’œuvre à la société NH Industries, également créée pour l’occasion, regroupant les intérêts industriels des quatre partenaires, à présent principalement Airbus Helicopters et Leonardo Helicopters. Il s’agit du seul programme majeur développé en coopération européenne qui est géré au sein de l’Alliance atlantique, et ce pour des raisons historiques puisque au départ les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni devaient participer au programme. La principale réussite de ce programme réside, comme pour le TIGRE, dans le partage des coûts de développement, ce qui a permis à la France de ne financer que 41 % du développement, engendrant une économie substantielle pour les finances publiques françaises par rapport à ce qu’aurait coûté un programme national. Par ailleurs, l’hélicoptère a été commandé à la fin de 2016 à hauteur de 531 exemplaires par 13 États, ce qui donne un volume suffisant pour assurer la pérennité de la base industrielle et technologique de défense européenne dédiée à ce programme. En revanche, le programme a connu de nombreux écueils, à commencer par une durée excessive qui s’étale sur un demi-siècle entre les premières réflexions et la dernière livraison prévue, dont une quinzaine d’années de discussions entre les partenaires avant de lancer le développement, sans pour autant parvenir à harmoniser les besoins opérationnels de cet hélicoptère qui existe désormais en 22 versions et 60 standards, réduisant d’autant les gains financiers attendus d’une production en série. Au-delà des discussions initiales entre les partenaires, la longue durée du programme s’explique aussi, d’une part, par une maîtrise d’ouvrage au sein de la NAHEMA, dont la règle de l’unanimité appelle des consensus difficiles à trouver, et d’autre part, par une maîtrise d’œuvre handicapée par la coexistence en son sein de deux industriels concurrents, Airbus et Leonardo. De plus, les exigences de retour géographique des États ont conduit à un partage industriel complexe, difficile à concilier avec l’optimisation de la production en série.