lundi 30 juillet 2018

Théoule sur Mer

Il n'y a pas longtemps, j'ai opéré une virée en jetski à Théoule durant laquelle j'ai croisé un type qui travaille dans les semences. On a donc bien sûr pas mal débattu de cette récente démarche de Carrefour qui souhaite distribuer des légumes « interdits ». En l'écoutant, j'ai pu comprendre de quoi il retournait vraiment. Il me semble utile de préciser que l'enseigne n'est pas dans l'illégalité en agissant de la sorte : elle peut parfaitement proposer ces légumes aux consommateurs. Ces légumes proviennent de graines locales qui n'ont pas reçu l'homologation : ils peuvent être vendus, mais les producteurs ne peuvent pas distribuer les semences dont ils sont tirés. Il existe en effet depuis 1981 un catalogue national qui liste les variétés qu'il est possible de distribuer. Si l'on entend y mettre une autre variété, il faut claquer entre 1000 et 10000 euros. Les semenciers industriels sont traditionnellement les seuls à pouvoir s'offrir ce luxe. Ce principe réduit en toute logique la survie de ces graines. Il y a ainsi 2 millions de fruits et légumes dont les semences disparaîtront tôt ou tard du paysage du fait des règles de ce catalogue. Or, 75 % des variétés comestibles ont déjà disparu au cours des dernières décennies ! Au-delà du coût, les petits producteurs ne peuvent pas répondre aux standards requis par cette base. Ils doivent en effet fournir des variétés très homogènes, ce qui est plus facile à obtenir pour les grands semenciers que pour les agriculteurs. Et ce système injuste fonctionne depuis une quarantaine d'années, au détriment de la diversité. La coopération de Carrefour avec les agriculteurs est bien entendu une manière de faire le buzz, mais c'est aussi (et surtout, je pense) un choix avantageux pour Carrefour. C'est en effet une manière d'élargir son offre, alors que les clients sont de plus en plus amateurs de produits non industriels, aujourd'hui. Soit dit en passant, cette virée en jetski m'a séduit. Si vous n'avez jamais essayé, c'est très fun ! Plus d'infos sur ce site. Retrouvez toutes les infos sur cette activité de location de jetski à Théoule en suivant le lien.

mardi 24 juillet 2018

Les développements portuaires chinois et européens

Les prises de position portuaires de Chine et d'Europe relèvent de l’économie : le contrôle des terminaux par un géant du conteneur, l’internationalisation d’un holding maritime. Une autre emprise portuaire chinoise est aussi économique, mais relève plus de la stratégie chinoise connue sous le nom de “Nouvelle route de la Soie“, “One Belt One Road initiative“. C’est-à-dire une stratégie de fourniture d’infrastructures favorisant l’internationalisation des sociétés chinoises (BTP, industries) cohérente avec les ambitions chinoises de mutation industrielle nationale (“Made in China 2025“). Il s’agit donc d’offrir des partenariats économiques avec des pays naturellement orientés dans le sens des échanges du bloc continental Euro-Asiatique, mais aussi avec les rivages de l’océan Indien. La nouvelle route de la soie est donc un “soft power“ économique avec une forte charge géopolitique. La modernisation portuaire et ferroviaire de bien des pays passe donc par la participation du conglomérat chinois de travaux publics China Communications Construction Company (CCCC). Ses deux filiales sont ainsi actives en Afrique dans l’ensemble des infrastructures (ports, routes, voies ferrées). China Road and Bridge Corporation (CRBC) est à la manœuvre pour le nouveau port de Lamu au Kenya. China Harbour Engineering Company (CHEC) est active pour le nouveau terminal en cours à Abidjan et dans divers projets (Conakry, Banjul, Kribi, Sao Tome, Dar el Salaam). Non encore débuté, le projet tanzanien d’un grand port à Bagamoyo associe lui China Merchant et le fonds souverain d’Oman. D’autres projets sont forcément plus géopolitiques avec les proximités politiques chinoises : le port ouest Pakistanais de Gwadar (2013), le futur port Sri lankais de Hambatota (avec CHEC et CM Ports en 2017), des nouveaux ports évoqués à Malacca et au Bangladesh.